Ton bébé pleure et tu te pose bien des questions : tu n’es pas seul(e) dans cette situation car de nos jours les pleurs du bébé constituent le premier motif de consultation chez le pédiatre.
Alors, que se passe-t-il derrière ses pleurs ? Quelle attitude adopter et quand consulter ? J’examine avec toi la situation et je te propose des pistes à étudier pour accompagner ton bébé au quotidien.
Mon bébé pleure, que se passe-t-il ?
- Les pleurs du nouveau né peuvent être la manifestation d’un inconfort physique
Il peut pleurer, car il a chaud, soif, quelque chose qui le gêne (un rot par exemple)… Bref, pour tout un tas de raisons différentes sans gravité, qui peuvent l’ennuyer et dont il te fait part de la façon dont il peut.
- Les pleurs constituent un MOYEN d’expression pour le tout petit
Les pleurs sont avant tout, son moyen d’expression, et même et le SEUL, d’exprimer un besoin qui doit être satisfait. Le bébé vit des situations d’inconfort qu’il ne comprend pas encore vraiment. Imagine que tu as très faim ou que tu es très fatigué et que l’environnement autour de toi n’est pas calme du tout, ça te ferait réagir non ?
Les pleurs du nourrisson lui permettent, en quelque sorte, de donner l’alerte et d’attirer ton attention pour répondre à son besoin physiologique (par exemple : j’ai faim), ou au problème qu’il rencontre (par exemple : j’ai mal à l’oreille) mais aussi de CRÉER des liens d’attachements.
- Les pleurs du bébé : “quelque chose que les bébés font plutôt que quelque chose que les bébés ont.”1
L’ensemble des études scientifiques qui se sont intéressées aux pleurs des nourrissons retrouvent des caractéristiques communes : “la quantité moyenne d’agitation et de pleurs a tendance à augmenter à partir de la deuxième semaine de vie, elle augmente chaque semaine pour culminer au cours du deuxième mois, généralement entre 6 et 8 semaines puis elle diminue et se stabilise vers l’âge de quatre à cinq mois.”2
Les pleurs du bébé prédominent en fin d’après midi et dans la soirée et cette prépondérance est encore plus marquée au moment du pic au cours du 2ème mois. Sur cette période, les crises de pleurs sont souvent inopinées et imprévisibles, les pleurs débutants et s’arrêtant sans raison apparente et sans rapport avec quoi que ce soit (alimentation, couches sales, tentatives d’apaisement) dans l’environnement. Ces accès de pleurs sont difficiles à apaiser et parfois inconsolables. “Cela peut être incroyablement frustrant, car peu importe ce que font les parents, les pleurs ne s’arrêtent pas et le bébé continue de pleurer pendant 20, 30, 40 minutes ou même quelques heures”.3
Ces données sont présentes et stables depuis plusieurs décennies dans nos sociétés occidentales.
Ce phénomène est également retrouvé chez les nourrissons élevés dans des conditions de parentage très différentes : chez les bébés Kung San du Kalahari, les cris et l’agitation sont aussi plus marqués au cours des trois premiers mois4.
On peut donc penser qu’il s’agit d’un phénomène normal, universel à l’espèce humaine.
- Fait-toi confiance, tu vas apprendre à reconnaître les besoins de ton bébé.
Tu vas progressivement faire connaissance avec ton bébé et tu vas progressivement, en observant, comprendre ce dont il a besoin.
Par exemple, lorsqu’il a faim, il va manifester des signes spécifiques : il va commencer à se réveiller, à bouger, à mettre les mains à sa bouche et ensuite si ce besoin n’est pas satisfait, si tu n’es pas à proximité et que tu n’as pas vu, il va sonner l’alerte !
Rassure-toi, il est tout à fait normal de tâtonner au début, tu vas apprendre, au fur et à mesure, à reconnaître ses besoins et comprendre comment l’apaiser.
Souviens-toi qu’il existe une période de vie où les pleurs sont plus particulièrement présents chez les nourrissons.
Le Dr Ronald G BARR, pédiatre canadien, spécialiste des pleurs du bébé, a effectué de nombreuses études sur ce sujet. Six caractéristiques communes des pleurs, ont été retrouvées :
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Pic : augmentation à partir de 2 semaines de vie avec une augmentation chaque semaine jusqu’à ce qu’elle atteigne un pic vers le milieu ou la fin du deuxième mois de vie, puis ils ont tendance à diminuer vers le troisième ou 4ème mois d’âge.
Ainsi chaque jour, le bébé peut pleurer un certain temps et le jour suivant et le jour d’après, jusqu’à ce qu’il atteigne un pic.
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Inattendus : cela désigne le fait qu’une partie de ces pleurs surviennent de façon inattendue. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas liés à une couche sale, à la faim, à ce qu’il se passe dans l’environnement ou à une autre raison.
Le bébé commence à pleurer spontanément pendant une longue période de temps puis, il s’arrête quel que soit ce que fait la personne qui prend soin de lui.
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Résistants à l’apaisement : c’est-à-dire que peu importe ce que font les parents, ou la personne qui prend soin de lui, ces épisodes de pleurs résistent à l’apaisement, et, cela peut être incroyablement frustrant.
Quel que soit ce que les parents font, le bébé n’arrête pas de pleurer parfois pendant 20, 30, 40 min ou même plusieurs heures.
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Douleur : Lorsque le bébé pleure, on dirait qu’il souffre.
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Longs : les épisodes de pleurs peuvent durer pour certains bébés jusqu’à 35 ou 40 minutes, voire 2 à 3 heures.
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Soir : les pleurs ont tendance à se produire en fin d’après-midi et en soirée, même si cela peut arriver à n’importe quelle heure dans la journée.
Ce qui peut être d’autant plus frustrant pour les parents qui ont déjà pris soin de leur enfant toute la journée, c’est aussi le moment où les parents sont le plus fatigués5.
Les chercheurs ont mis en évidence qu’à long terme, le développement des nourrissons après cette période plus intense en pleurs est très bon : il n’y a pas de conséquences particulières, ni de risque de développer plus particulièrement une maladie ou des allergies. Cette étape de pleurs fait partie du développement comportemental normal du nourrisson.
La seule conséquence négative qui peut découler de cette période de pleurs. C’ est le fait que la personne qui prend soin de l’enfant se trouve tellement frustrée et tellement en colère qu’elle perde le contrôle et en arrive à secouer le bébé. C’est ce que l’on appelle le syndrome du bébé secoué.
C’est très dangereux pour le bébé et il peut souffrir de lésions cérébrales importantes, de cécité et il peut avoir une paralysie cérébrale et toutes sortes d’autres conséquences très négatives.
Tout cela peut être évité en comprenant simplement que ce schéma de pleurs précoces n’est pas dirigé contre toi. Ce n’est pas parce que ton bébé est mauvais, et ce n’est pas parce que tu fais quelque chose qui ne va pas. C’est parce que c’est une partie normale du développement de l’enfant.
BBien sûr, c’est très frustrant. Alors si tu es seule avec ton bébé, que tu t’en occupe et que tu sens que tu perds le contrôle, que tu te sens en colère. il vaut mieux mettre ton bébé dans son lit, en sécurité, et t’éloigner pour prendre le temps de t’apaiser. Puis dans 5 à 10 minutes, quand tu te sens mieux, reviens t’occuper de lui.
- Et dans les autres cultures, les bébés pleurent-ils moins ?
Depuis de nombreuses années, les ethnologues ont observé que les nourrissons élevés au sein de cultures traditionnelles manifestent une tendance moindre aux pleurs par rapport à leurs homologues occidentaux.
Dans nos sociétés, l’accent est souvent mis sur l’indépendance précoce de l’enfant, se traduisant par un maternage de type “distal”. Toutefois, diverses études démontrent que la durée des pleurs est considérablement réduite lorsque les méthodes de soins privilégient la proximité entre la mère et le bébé. Chez les chasseurs-cueilleurs Kung San du Kalahari, les pratiques de maternage radicalement différentes ont un impact significatif sur la durée des pleurs.
Une astuce pour aider son bébé lorsqu’il pleure
Souvent, lorsqu’un bébé pleure de façon de plus en plus énergique, c’est parce qu’on est passé à côté de l’observation de son besoin, du coup, il sonne l’alarme comme pour nous dire : et je suis là, occupez-vous de moi !
Je prends un exemple concret : mon bébé a faim, je suis occupée à ranger les courses et à régler deux factures…
Je ne vois pas les 1er signes qu’il me montre : il va s’agiter de plus en plus et très rapidement se mettre à pleurer très fort pour me rappeler à l’ordre ! Pour lui, à ce moment-là, on peut dire que c’est une question de survie !
Si ton bébé est dans cet état, il aura besoin d’être apaisé avant de revenir à un état de calme intérieur et pouvoir s’alimenter tranquillement. Si tu essaye directement de le mettre au sein ou de lui proposer son biberon cela risque d’être compliqué pour lui.
Imagine : tu es en voiture et on te fait une queue de poisson, tu as eu très peur, tu es très énervée, tu vas avoir besoin de te calmer avant de reprendre tes esprits.
Et bien, pour ton enfant, c’est pareil : la décharge émotionnelle qu’il vient de vivre a besoin d’être régulée pour qu’il se sente apaisé et puisse se nourrir tranquillement.
Comment l’aider : prends-le dans tes bras, parle-lui tranquillement, s’il est toujours très agité, met-le contre toi en peau à peau, tu verras c’est assez magique comme ton contact peut l’aider à s’apaiser.
Et, si rien ne parvient à l’apaiser et que les pleurs persistent ?
En grande majorité les pleurs du nourrisson sont tout à fait normaux, mais s’ils persistent et que tu n’arrives pas à l’apaiser, il se peut qu’il y ait une raison médicale à cela : par exemple un enfant qui va se réveiller dans la nuit sans raison apparente et se mettre à pleurer très fort à sans doute une otite, c’est bénin, mais très douloureux et majoré en position allongée.
N’hésite donc pas à consulter si tu sens que c’est nécessaire, note sur quelques jours les temps d’éveil, de sommeil et de pleurs de ton bébé, tu auras ainsi des données objectives à transmettre à ton médecin. Explique-lui précisément ce qu’il se passe et à quels moments les pleurs sont prédominants.
Dans la très grande majorité des cas, les pleurs du bébé sont un phénomène courant, qui ont pour but de nous faire réagir.
Rassure-toi, tu vas progressivement reconnaître les besoins de ton bébé et comprendre ce qui l’apaise. Souviens-toi, que les pleurs sont retrouvés de façon universelle chez les bébés sur une période donnée et qu’ils diminuent autour de 4 à 5 mois sans que l’on comprenne encore vraiment pourquoi.
On peut se questionner sur nos habitudes de maternage “occidental” au regard de résultats d’études évaluant la quantité de pleurs dans d’autres cultures et avec des groupes tests : est-ce que nos “pratiques” sont vraiment en adéquation avec les besoins d’un tout petit ?
Si toutefois, ces pleurs persistent, et que tu es inquiet, n’hésite pas à consulter pour avoir un avis médical, cela permettra d’éliminer une cause organique (retrouvée dans moins de 5% des cas).
1Barr RG. Normality: a clinically useless concept. The case of infant crying and colic. J Dev Behav Pediatr. 1993; 14:264-70.
2Barr RG. The normal crying curve: What do we really know? Developmental Medicine and Child Neurology 1990; 32:356-362.
3Références issues du témoignage du Dr Ronald G. BARR,
4Barr RG, Konner M, Bakeman R, Adamson L. Crying in !Kung san infants: A test of the cultural specificity hypothesis. Dev Med Child Neurol. 1991; 33:601-610.
https://www.dontshake.org/purple-crying
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